C'est à mes yeux avec « Goya » que le tandem est parfait et que la collection prend son véritable envol. Benjamin Bozonnet au
dessin (assisté de deux compères pour les couleurs : Romain Guinard et
Tanguy Ferrand) multiplie les registres graphiques : fausses gravures,
dessin au trait, envolées de couleurs et cases tracées au pinceau seul
(pour donner à voir les œuvres du peintre au milieu des péripéties du
récit). La tonalité générale, très sombre, correspond parfaitement à la
dépression de l'artiste, à son isolement volontaire et à ses envies de
radicalité.
Le récit imaginé par Olivier Bleys,
est prenant de la première à la dernière planche. Tout y est réussi :
le rythme, avec des passages silencieux, tantôt légers, tantôt
éprouvants ; les bruits, grâce à des onomatopées, des aboiements, des
jurons, qui scandent les humeurs d'un peintre atteint de surdité ; le
drame et la tension enfin, car au-delà de l'anecdote, de la question du
pourquoi du tableau, l'essentiel de cet album tient à la réussite de
l'ambiance lourde et fascinante – encore dérangeante près de deux
siècles plus tard – qui sourd des peintures noires de Goya, dont le
magistral « Saturne dévorant l'un de ses fils », peint en 1823. Cet album de BD rend un magnifique hommage tant à l'artiste qu'à son œuvre.
"
par Nicolas Ancion, sur le site https://www.actualitte.com
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